Qui gravit l’échelle des revenus par rapport à ses parents ? Une analyse de la mobilité intergénérationnelle à partir de l’Échantillon Démographique Permanent
Nous étudions la mobilité intergénérationnelle en nous intéressant au lien entre les revenus d’un échantillon de jeunes adultes et les revenus de leurs parents, à partir des données fiscales de l'Échantillon Démographique Permanent. Nous mesurons la position relative des parents dans la distribution des revenus puis la comparons pour la première fois directement avec la position relative de leurs enfants autour de 28 ans.
La relation entre la position des parents et celle des enfants à 28 ans est positive et linéaire, avec une pente de 0,24. Selon cet indicateur, la mobilité positionnelle serait plus élevée en France qu’aux États-Unis, mais plus faible que dans les pays scandinaves. En séparant les parents et les enfants en cinquièmes de population, les enfants des familles aux plus hauts revenus ont trois fois plus de chances d’être classés parmi les 20 % les plus aisés que ceux issus des familles des 20 % les plus pauvres : les inégalités se transmettent donc partiellement à la génération suivante. Cependant, pour un même niveau de revenu des parents, les revenus des enfants varient fortement à l’âge de 28 ans. En 2018, le taux de mobilité ascendante du plus bas au plus haut cinquième est de 12 %. Toutes choses égales par ailleurs, la mobilité ascendante est d’autant plus forte que les parents ont des revenus du capital élevés, sont diplômés du supérieur, sont immigrés, sont mobiles géographiquement, ou résident en Île-de-France à la majorité de leurs enfants. À l’inverse, être une femme, avoir vécu dans une famille monoparentale, avoir des parents ouvriers ou employés, ou avoir vécu dans les Hauts-de-France sont des facteurs qui influent négativement sur la mobilité ascendante.